Bioinfo – Dossier : Les tendances du vêtements bio

Par Véronique Castiau pour Bioinfo – Septembre 2010

Les marques classiques s’y intéressent, la haute couture commence à s’en emparer, de jeunes stylistes s’y risquent… le bio vestimentaire deviendrait-il aussi « tendance » que le bio alimentaire? Méfiance : l’air du temps ne fait pas la chanson et quelques hirondelles ne font pas le printemps.

Il est vrai que le textile « vert » se porte fort bien dans les pays nordiques, en suisse et surtout en Allemagne. Dans ce pays, la mode bio a droit à ses salons fort fréquentés, ses magazines spécialisés et ses défilés saisonniers : un monde d’avance sur nos régions où le consommateur reste plus frileux et où les rares boutiques tirent plutôt le diable par la queue.

Question de prix? La qualité vaudra toujours le coût. Question de look? Le style « rétro-baba-cool » a pourtant cédé le pas à une esthétique plus soignée. Question d’innovation? comme vous le lirez dans ce dossier, la nature se conjugue au futur et les matière disponibles n’ont rien à envier aux fibres artificielles. Qu’elles émanent de la chimie pétrolière ou de l’agriculture chimique, les fringues conventionnelles sont pourtant très polluantes pour l’environnement et peu respectueuses de la peau, sans oublier leurs graves défauts éthiques et sociaux. C’est donc que les enjeux de l’habit bio ne sont pas encore suffisamment perçus. Ou que ses filières ne sont pas assez connues. Véronique Castiau a donc enquêté, rencontré des actrices du secteur et compilé quelques bonnes adresses.

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Paroles de pro

« Je contrôle l’entièreté de la filière de production »

Martine Ernoux, styliste, a travaillé dans un premier temps pour des marques bien connues comme Kid Cool, Natalys, Prémaman… Puis, une rencontre déterminante en Inde: avec Agrocel, une organisation d’artisans et de producteurs reconvertis au bio. Et la naissance de Satya, une très jolie ligne de vêtements « green » et « fair trade » plutôt haut-de-gamme.

« À mes yeux, les conditions dans lesquelles mes modèles sont réalisé sont primordiales, qu’il s’agisse des conditions de travail et du respect de la main d’œuvre ou des méthodes de culture et de traitement des fibres. Avec mon partenaire indien, je peux contrôler l’entièreté de la filière de production, du champ de coton au pièces finies. Les teintures, par exemple, sont exclusivement naturelles et végétales; le tissage se fait dans des villages; la confection est réalisée par des femmes déshéritées, dans le cadre d’une oNG indienne. Par conséquent, je n’ai pas à rougir des produits finis… Il me semble qu’en Belgique, hélas, il y a un décalage entre le discours et la pratique. Alors qu’il approuve l’écologique et l’équitable, le public reste frileux quand il s’agit d’acheter des modèles un peu plus onéreux… En revanche, les jeunes parents sont fans d’articles bio pour leur bambin. C’est pourquoi je continue à développer prioritairement la gamme des petits. Néanmoins, je la complète avec une collection pour femmes. Je vends mes créations en Belgique, en Suisse, en Hollande et en Allemagne. »